Mercredi 20 Octobre à 17h, une assemblée des stagiaires de l'Education Nationale s'est tenue à l'appel du collectif indépendant Stagiaire impossible, grâce à l'aide d'une intersyndicale.
Etaient présents plus de 180 personnes, majoritairement issus de l'académie de Créteil mais aussi une douzaine de stagiaires et Versailles, une dizaine de Paris et une d'Amiens. Les filières générales et technologiques étaient bien sûr représentées, mais il y avait aussi une documentaliste et deux conseillers principaux d'éducation titulaires. Le primaire n'était pas en reste avec une dizaine de professeurs d'école stagiaires, dont deux représentants de l'assemblée organisée quelques heures plus tôt à l'IUFM de Livry-Gargan.
Les stagiaires ne sont pas isolés : le public comptait également des lauréats du concours en report de stage, des néo-titulaires, des tuteurs, des parents d'élèves, des délégués syndicaux du primaire et du secondaire et un représentant de Sauvons L'Université.
La séance a débuté par l'élection du bureau proposé par le collectif Stagiaire impossible et d'un modérateur issu de la salle.
Un ordre du jour a ensuite été soumis aux présents, qui ont souhaité y ajouter explicitement un point sur les conditions d'hébergement de certains et une discussion sur les suites à donner au mouvement.
La présidente de séance a alors effectué un bref rappel des conditions de stage que nous subissons : un volume horaire énorme pour des débutants, un état de pression et d'épuisement extrême, l'absence de tuteurs pour nombre d'entre nous (7 présents étaient dans ce cas), des conditions de titularisation opaques et le cynisme des autorités qui prétendaient la veille encore que notre entrée dans le métier ne posait aucun problème particulier.
Face à cet état des lieux, un mouvement est né dont le collectif Stagiaire impossible s'est fait la courroie de transmission.
C'est un organe de mobilisation qui ne prétend pas représenter l'ensemble des stagiaires ni s'approprier le mouvement, et qui tient à rester indépendant des syndicats tout en travaillant avec chacun d'entre eux.
Ce positionnement a permis l'élaboration d'une déclaration de soutien au nom d'une intersyndicale du second degré de l'académie de Créteil composée du SNES-FSU, du SNEP-FSU, du SN-FO-LC, de la CGT-Educ'action, du SGEN-CFDT et de SUD Education.
Ces syndicats s'associent aux revendications sur la réduction du nombre d'heures en classe, un accompagnement réel de tous les acteurs de notre formation, et la transparence des critères d'évaluation, identiques pour tous. Ils ajoutent un quatrième point pour rappeler qu'ils défendront les stagiaires contre toute pression supplémentaire et toute mesure de rétorsion à l'encontre du mouvement. Une audience sera demandée au recteur de l'académie de Créteil pour lui présenter ces revendications.
Le SNETAA-EIL et la CNT-FTE ont par ailleurs également témoigné de leur soutien au mouvement.
L'assemblée a ensuite pris le temps de la discussion tant sur les conditions déplorables dont nos élèves et nous faisons les frais, que sur les termes de nos revendications et les actions à mener dans les semaines à venir.
La nécessité d'un mouvement conjoint des stagiaires du 1er et du 2nd degré est apparue clairement : les professeurs d'école stagiaires de la « vague B » de Créteil ont subi des conditions pires encore que celles désormais connues des professeurs de collège/lycée en termes de charge horaire sans préparation ; pas de classes à examen en collège et lycée, pas de classes-charnières en primaire ; pas plus de deux niveaux dans le secondaire, pas de classes à double-niveau en primaire ; pas de classes à difficultés spécifiques (CLIS, SEGPA, non-francophones, etc...), uniformisation nationale des conditions de stage et d'évaluation... Au-delà des spécificités de chacun, nous nous retrouvons sur le fond de toutes nos revendications.
Tous ont d'ailleurs insisté sur la nécessité de continuer à élargir le mouvement avec une visibilité plus grande, notamment auprès des collègues titulaires et des parents d'élèves.
Enfin, si nous étions rassemblés sur la question de nos conditions de travail, nous n'oublions pas que notre situation n'est qu'un des aspects d'une politique générale dans l'Education et au-delà, visant à diminuer l'encadrement scolaire et généraliser la précarité des non-titulaires.
Pour finir la séance, les propositions évoquées régulièrement ont été soumises au vote, et ont été adoptées comme suit (environ 120 présents à ce stade de l'assemblée).
Revendications :
Droit à une présence en responsabilité devant les élèves n'excédant pas un tiers du service complet : 96 voix pour
Droit à deux ans de formation professionnelle rémunérée : 62 voix pour
Droit à l'accompagnement d'un conseiller pédagogique non-évaluateur : 80 voix pour
Transparence et uniformisation nationale des conditions de stage et de validation : 105 voix pour
Abrogation de la masterisation, liée à la dégradation des conditions de stage : 70 voix pour, 5 contre
Actions :
Appel national aux assemblées générales pour élargir et amplifier le mouvement : 78 voix pour
Manifestation en compagnie des collègues titulaires rue de Grenelle Mercredi 17 Novembre pour le « point d'étape » annoncé par le ministre : 90 voix pour
Pour l'académie de Créteil, manifestation devant le rectorat pendant l'audience avec le recteur : 60 voix pour
Convocation d'une nouvelle assemblée des stagiaires d'Île-de-France peu après la rentrée : 85 voix pour
Nous nous sommes séparés en annonçant la diffusion d'une pétition adressée au rectorat de Créteil reprenant ces revendications afin d'apporter le poids du nombre à la délégation auprès du recteur : plus nous serons nombreux à signer, moins il y aura de risques pour chacun.