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Nous sommes un groupe de professeurs et CPE en collège et en lycée, des filières générales, techniques et professionnelles. Chaque jour plus nombreux à mesure que les rassemblements locaux se multiplient, nous souhaitons porter nos revendications avec l'appui de tous les syndicats mais sous le contrôle d'aucun.
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jeudi 14 octobre 2010

Lettre aux associations de parents d'élèves

Suite aux votes favorables des différentes A. G. de stagiaires ayant déjà eu lieu, une lettre aux associations de parents d'élèves va être envoyée.
Il s'agit d'attirer leur attention sur les conditions insoutenables d'entrée dans ce métier que nous avons pourtant choisi.
Voici le contenu de la lettre en question :



Mesdames, Messieurs,

Nous sommes de nombreux enseignants stagiaires à avoir pris notre poste en cette rentrée 2010. Les conditions d’enseignement et de bonne tenue des cours nous paraissent gravement compromises par la réforme concernant notre formation. Comme nous œuvrons ensemble pour le présent et le futur de vos enfants, il nous semble essentiel de vous informer le plus honnêtement possible sur la détérioration de nos conditions de travail.

Une détérioration des conditions de travail qui se répercutent en cours
Jeunes enseignants, nous sommes motivés par un métier que nous avons choisi, que nous aimons, et pour lequel nous souhaitons nous investir. Malheureusement, nous sommes dans des conditions telles que nous ne pouvons l’exercer correctement. Ces conditions ont entrainé chez l’ensemble d’entre nous une fatigue physique et morale qui compromettent la préparation des cours et les interactions avec les élèves. En effet, nous commençons désormais notre année de stage à temps plein: 18 heures de cours réparties sur au moins trois niveaux dont des classes à examen pour la majorité d’entre nous. La préparation d’une heure de cours est un exercice totalement nouveau pour nous, et demande un temps considérable de préparation (en moyenne 5 heures de préparation pour 1h de cours). Des journées de formation, bien entendu nécessaires pour des néophytes, viennent se surimposer à nos emplois du temps déjà lourds.
Outre des pressions liées au temps de travail, nos conditions d’exercice sont souvent très mauvaises : nous sommes parfois professeurs principaux (et donc en charge de l’orientation de nos élèves), et souvent face à des classes extrêmement « difficiles » (nous sommes nombreux à avoir été nommés en ZEP ou en ZUS, à avoir des élèves non-francophones, certains sont en UPI, classes qui accueillent des élèves en situation de handicap,). Nous manquons également du matériel  le plus élémentaire pour faire cours : en lycée, nous n’avons pas de manuels dans de nombreuses matières, alors que les nouveaux programmes demandent des supports de mise en œuvre.

Nous tenons à rappeler que les années précédentes, le stage était réduit puisque les nouveaux professeurs assuraient en moyenne entre 6 et 8 heures de cours hebdomadaires et bénéficiaient le reste du temps d’une formation à l’IUFM. Néanmoins, cette année de formation des enseignants restait une année très difficile. La très grande majorité des professeurs stagiaires était épuisée. Avec en moyenne 10 heures de cours en plus à assurer cette année nous sentons que nos conditions d’exercice  du métier d’enseignant deviennent impossibles. Cette augmentation de la charge horaire est liée à des choix budgétaires catastrophiques dans le domaine de l’éducation. Ces choix témoignent de l’irresponsabilité du gouvernement en ce qui concerne la formation et l’avenir des élèves : de jeunes professeurs stagiaires sont  parachutés à des postes de professeurs titulaires ; ainsi, les salaires sont économisés, alors que la formation des professeurs stagiaires comme des élèves est mise en danger.

Enseigner, comme tout métier, s’apprend !
En poste devant vos enfants depuis le début du mois de septembre, nous faisons le maximum pour leur assurer un enseignement clair, enrichissant et adapté à leurs besoins. Nous arrivons cependant tous à un état d’épuisement qui limite gravement notre capacité à construire et  dispenser des cours épanouissants, variés et dynamiques, ou à être suffisamment disponibles pour les élèves. Nous avons mis de côté nos activités personnelles, ce qui a une répercussion sur notre pratique et notre capacité à prendre du recul (réflexion sur notre discipline et organisation de sorties culturelles avec les élèves…). On relève de nombreux arrêts maladie, voire des démissions, ce qui ne peut que nuire à la bonne progression des élèves. Certains médias ont évoqué notre situation en disant que nous sommes incompétents, mais comment être pleinement compétents dans une telle situation ? Nous débutons et souhaiterions simplement pouvoir mettre en œuvre nos compétences et nos capacités, ce qui n’est actuellement pas possible. Voilà pourquoi nous demandons des conditions décentes d’apprentissage et d’exercice du métier d’enseignant, et entreprenons de nous organiser pour porter cette demande.

Pour nous contacter : stagiaireimpossible@gmail.com 

5 commentaires:

  1. Je suis contractuel depuis plusieurs années , j'ai commencé ainsi mais en pire cad faire des petits remplacements au début . Je n'ai entendu PERSONNE A CETTE EPOQUE NOUS PLAINDRE !!!!!
    DEMERDEZ VOUS MAINTENANT !!!!!

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  2. Est-ce parce que tu as souffert que d'autres doivent en passer par là?

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  3. Je trouve assez surprenant de ne pas préciser dans ladite déclaration que celle-ci émane d'une (petite) partie des actuels stagiaires. Vous n'êtes pas représentatifs de la population en question, et à aucun moment vous n'avez eu à subir, comme un syndicat par exemple, la loi de la démocratie.

    Je me trouve être également stagiaire en ZEP, dans l'académie de Créteil, et malgré les difficultés de cette année intensive dont j'ai accepté les nouvelles modalités en présentant le concours pour la session passée, je n'éprouve aucun sentiment de révolte ou quoi que ce soit de ce genre, et tout comme de nombreux camarades auxquels j'ai eu le loisir de m'adresser à ce sujet, ne partage aucunement vos revendications horaires et autres.

    Plutôt que de basculer dans la polémique, nous devrions mettre en place des réseaux d'entraide disciplinaires ou matériels entre nous, cela se fait déjà autour de moi.

    Bien cordialement, un collègue.

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  4. Pour ma part, je suis aussi passé par la case contractuel... En cette période, mes exigences étaient moindres : pas de titularisation à venir, une bonne tolérance des collègues, et n'ayant pas de formation, je bricolais autours des programmes, j'étais près de mon domicile et je n'avais que 18h.

    Maintenant, tout à réadapter, 18h de cours, 6h de formation (les 2h annualisées sont groupées en début d'année), 3h avec le tuteur hors cours +1 en cours... soit 27h hors préparation, correction... Tout cela avec une affectation à 3h de mon domicile et de mes enfants !

    Alors si, je trouve les conditions de stagiaire très dures, plus dures qu'en tant que contractuel lesquels aussi étaient dures au point de ne pas profiter des petites vacances tellement j'étais épuisé.

    D'ailleurs, je ne comprends pas, pour les contractuels (parfois d'un an ou de quelques mois), que l'EN ne donne pas un support de cours basique. Pas de formation, pas de support, le casse pipe. Et les enfants dans tout ça ? l'EN est pourtant une vielle institution, elle devrait être au point !
    Pour les stagiaires, par contre, c'est différent puisqu'on entre dans le système, on se doit d'être capable de produire ces supports. Et là, on comprends pourquoi on devait n'avoir que 2 niveaux... alors quand on en a 5, rien ne va plus !

    Aller, courrage, et tant pis pour la titularisation...

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  5. bon courage à tous, j'ai débuté en 1974, en stage... sur le tas... après un premier stage désastreux (tombée malade) en 73 et six mois FP2 très théoriques (des heures de préparation pour une séquence d'une heure, ou même pour une série, ça n'apprend pas à faire face au quotidien... -et toujours la même leçon-type, mais ... "montrez-nous autre chose quand on viendra vous inspecter")
    On tient le coup, pas le choix, et comme on aime ça, on s'en veut de n'être pas à la hauteur de ses ambitions, on somatise, on souffre... Je ne sais pas si entre temps on avait trouvé une meilleure formule, il me semble, car les jeunes profs d'école avaient récemment des bagages et des compétences que je n'avais pas moi à mes débuts !
    Juste pour vous transmettre ce talisman que m'avait offert une collègue :
    "N'oubliez pas que c'est un métier, pas une vocation..."
    elle voulait dire professionnalisme,
    elle voulait dire, on n'est là pour faire notre travail, pas pour se sacrifier, pas pour pallier aux déficiences du système
    - je crois que j'ai eu beau me le répéter, je n'ai pas réussi à le vivre ainsi... et ça coûte cher, pour la santé, pour la vie de famille...
    Bonne chance à vous tous qui débutez... et qui n'êtes pas près de finir... au train où vont les choses du côté des retraites... travailler plus longtemps... encore faudrait-il que ça soit vivable !

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